Entretien avec Jean-Claude AGNORTEM, expert en commerce international
Le commerce international est un domaine qui touche de nombreux secteurs au Bénin et contribue à la croissance du pays. De nombreuses entreprises s’investissent dans ce commerce qui nourrit également une partie de la population béninoise. Avec Jean Claude AGBORTEM, le Directeur Général de Agoodjie Concept Corporation Sarl, nous allons à la découverte des réalités du commerce international où il exerce depuis 2008.
Comment on devient expert en commerce international ?
Il est vrai que qu’à l’université aujourd’hui, il y a la filière du commerce international. Mais on devient expert à travers l’expérience. L’expertise est acquise sur le terrain et c’est le terrain qui nous permet d’être expert après avoir traversé des épreuves. Qui dit commerce international, dit travailler avec des partenaires internationaux, c’est faciliter les relations commerciales entre les partenaires locaux et les partenaires internationaux. Il faut aussi être à l’écoute pour trouver la bonne solution puisqu’il y a des changements sur la façon de faire des affaires à l’international.
Quelles sont les éléments à considérer pour faire du commerce international dans l’alimentaire ?
En ce qui concerne les produits alimentaires, nous avons beaucoup de considérations. La première chose à savoir c’est la demande. Qui dit produit alimentaire dit aussi culture. Un produit peut bien marcher au Nigéria sans toutefois marcher au Bénin. La deuxième chose, ce sont les fournisseurs, est-ce qu’il y a des fournisseurs du produit sur le marché. Pour moi qui suis au Bénin et qui veut importer des produits depuis le Nigéria ou le Burkina Faso, je dois d’abord savoir s’il y a des producteurs ou des fournisseurs de ce produit dans ce pays-là.
Il y a aussi la réglementation nationale puisque le commerce international des produits alimentaires est régi par des lois. Par exemple au Bénin, il y a des produits qui n’entrent pas par voie terrestre, il y en a qui n’entrent pas par voie aérienne et il y a des produits qui n’entrent pas du tout. Mais l’élément essentiel à retenir c’est la demande car chaque pays a sa spécificité culturelle liée à l’alimentation. Par exemple au Bénin et au Sud du Nigéria, nous savons que les gens consomment beaucoup de piment. Ce qui n’est pas le cas dans d’autres pays. La demande prend en compte les habitudes des consommateurs. Dans le panier de la demande, il y a beaucoup de choses à prendre en considération.
Comment se lancer dans le commerce international ?
La première chose est de s’approcher des personnes qui maitrisent le domaine. Le commerce international ce n’est pas acheter ce qu’on veut. Il faut connaître les procédures et savoir les respecter. Il est vrai qu’aujourd’hui avec l’internet et la multitude d’informations, nous avons souvent l’impression qu’on n’a pas besoin des experts. Mais non, c’est une illusion. Nous avons reçu des personnes qui voulaient importer et nous les avons préparés grâce à nos conseils. Par exemple nous avons reçu des personnes à qui nous avons dit qu’ils ont besoin d’autorisation pour leur activité. Information que la personne n’avait pas. L’État doit être impliqué parce que c’est lui le garant. L’État ne peut pas vous laisser faire comme vous voulez. C’est pourquoi il faut une autorisation.
Donc voilà le rôle d’un expert de commerce international. C’est préparer et assister son client pour que son client soit très bien informé des réalités qu’il peut rencontrer au cours de l’activité.
Quels sont les risques qu’il y a dans le commerce international ?
L’activité commerciale dans sa nature même est un risque. Quelqu’un qui est au Bénin et veut se lancer dans le commerce international, le premier risque c’est ne pas suivre les réglementations locales. Par exemple si je veux importer du riz par exemple sans chercher à connaître la réglementation en ce qui concerne l’importation du riz, je peux importer le riz et tomber sur le coup des sanctions.
Deuxièmement ce sont les opérations financières qui peuvent être liées au choix du fournisseur. Car il faut choisir des fournisseurs qui sont réels. Car sur internet, il y a de nombreux fournisseurs fictifs.
Il y a aussi le risque concernant le transport des marchandises. Chaque marchandise nécessite des conditions de transport. Si vous importez par exemple le riz, les dispositions ne sont pas les mêmes que si vous transportez du sel. Donc si vous ne maitrisez pas cette réalité, vous allez vous retrouvez dans de sérieux problèmes, parfois c’est des problèmes d’emballages. Nous avons un cas d’importation de riz dans des mauvais emballages qui ont eu des difficultés.
Il y a aussi un problème de qualité. Si vous n’associez pas un expert dans le commerce international qui peut vous guider et veiller à ce que des établissements certifiant la qualité soient impliqués dans votre opération, vous allez peut-être importer un produit qui n’est pas de qualité voulue. C’est pourquoi nous disons à ceux qui veulent faire du commerce international qu’il y a de nombreuses personnes à associer pour réussir le commerce international. Parfois même pour les équipements nous conseillons à nos clients de se rassurer pour que les équipements soient vérifiés par des structures dédiées à ce genre d’opérations.
Nous ne pouvons pas dire aux gens de ne pas faire de commerce international à cause des risques mais nous conseillons de se faire assister pour minimiser les risques. Aucun Etat ne peut fonctionner sans le commerce international.
Quelles sont les tendances actuelles en matière de commerce international ?
Aujourd’hui, en matière de commerce international, la situation en Ukraine, a crée des difficultés. Par exemple avec le coût du Dollar, la principale monnaie d’échange qui a augmenté. Il y a aussi des saisons parfois qui peuvent jouer un grand rôle. En ce qui concerne les produits alimentaires, il y a aussi les tendances de la matière première. Les prévisions révèlent que d’ici l’année prochaine, le café par exemple deviendra plus cher parce que la production du café commence par baisser.
Il y a aussi parfois les tendances politiques. Vous êtes sans ignorer qu’entre temps, la frontière entre le Bénin et le Nigéria n’était pas complètement ouverte. Ces décisions peuvent impacter positivement comme négativement le commerce international. iIl y a aussi l’énergie qui impacte à cause de la qualité de notre énergie. Ça affecte aussi le marché du commerce international. Le producteur local ne peut pas utiliser des équipements ayant une demande en énergie considérable.
Vous aborderez la thématique du commerce international lors de la rencontre alimentaire, à quoi doit s’attendre les participants ?
Les participants doivent s’attendre des échanges édifiants sur les pièges à éviter pour réussir dans le commerce international. Par exemple, une entreprise qui est dans le matériel ne peut pas faire comme quelqu’un qui importe les produits alimentaires. Et qui dit produits alimentaires, dit humanité car on nourrit les gens. Nous parlerons de comment choisir son fournisseur. Nous partagerons les éléments à considérer pour distinguer un bon et un mauvais fournisseur et comment en trouver un bon.
Souvent, ceux qui sont dans les projets alimentaires cherchent à vite trouver un fournisseur pour se lancer. Ils ne font pas attention au choix du fournisseur qui parfois peut dire qu’il ne peut plus continuer alors que l’opération a déjà commencé. Le produit est déjà sur le marché et est connu. Parfois l’importateur dans ces cas est amené à recommencer à zéro. Nous présenterons aussi les exemples réels sur du terrain.
Votre mot de fin
La Rencontre Alimentaire de l’Afrique de l’Ouest (RAAO) est une opportunité de rencontre entre l’Afrique de L’Ouest et le monde entier. Nous pensons que L’Afrique est arrivé à un niveau où elle doit commencer à offrir également ce qu’elle a. j’invite toute personne intéressée à participer à la RAAO qui aura lieu le 20 Juin 2023 à Majestic Gbegamey (Cotonou).